Désir de forêt est une association loi 1901 créée par Jean Mottet, universitaire et propriétaire forestier en Dordogne. Son histoire commence au lendemain de la tempête dévastatrice qui anéantit une partie de la forêt française en 1999. À notre initiative, trois cinéastes sont invités à participer aux premières Journées de l’Arbre en Périgord vert. Entourés par les enfants de l’écol e de Sarlande, par les universitaires invités et les élus locaux, Abbas Kiarostami, Jean Pierre Denis et Marc Recha mettent trois arbres en terre dans la forêt dévastée de La Bonne-Foussie.

Le président de l’association, à l’entrée d’une parcelle de régénération naturelle au lendemain de la tempête de 1999

En accordant ainsi au geste artistique une place privilégiée sans pour autant perdre le contact avec l’espace forestier et son potentiel d’expérimentation, en maintenant la précieuse compétence du forestier dans un rôle d’arbitre, l’association Désir de forêt entend se donner les moyens de poursuivre  l’indispensable confrontation des imaginaires condition d’une nouvelle conscience forestière.

Que faire concrètement aujourd’hui ? L’urgence environnementale

Dans le cadre de l’ urgence environnementale, qui est la nôtre aujourd’hui, notre association a donc choisi la voie d’une difficile complémentarité entre la fonction de production de notre forêt et les aspects environnementaux, deux approches par ailleurs souvent dissociées, voire opposées.
Forts de l’expérience conduite dans nos deux arboretums, où nous avons implanté une variété d’essences indigènes, nous en avons tiré les leçons pour les appliquer à une extension d’une quinzaine d’hectares (22.000 arbres) de notre forêt sur les terres agricoles. Il s’agit là d’un tournant dans l’Histoire de notre forêt !

Plantation en 2021 de 22000 arbres
Création d’une forêt avec le label bas carbone

Composée de 7 espèces de feuillus indigènes (chêne sessile, chêne pubescent, merisier, sorbier, alisier, poirier sauvage, charme) cette extension de notre forêt a obtenu le label bas carbone du ministère de l’écologie.

Le Label Bas Carbone est un outil de certification carbone national, piloté par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire. Pour la forêt, le label spécifie les méthodes visant à développer les leviers d’atténuation du changement climatique.

https://www.ecologie.gouv.fr/label-bas-carbone
Les jeunes plants de chênes, charmes et cèdres

Les parcelles de forêts ainsi créées pourront jouer un rôle de conservatoire de biodiversité et de diversité génétique pour les graines ou plants forestiers qu’on pourra y trouver, mais aussi pour la faune, les champignons et microorganismes qui y vivent, parfois sous forme dormante durant des décennies.

Planteurs en Novembre 2021
Le scandaleux projet d’implantation d’éoliennes en milieu ultra sensible

Par ailleurs, d’une manière plus générale, notre époque est marquée par l’éco-fragmentation et la disparition des espèces. Le premier des facteurs de pression, le plus important, est l’usage des espaces, c’est-à-dire l’artificialisation globale induite par les transformations agricoles intensives, la déforestation, la construction des routes, des zones urbaines, des parkings, qui grignotent les habitats des autres formes de vie.

Avec les projets d’installation massive d’éoliennes en zone rurale, voire en forêt, une autre étape dans la destruction des écosystèmes est franchie. C’est dramatique. Car la possibilité pour nous de manger, de respirer, provient intégralement de la santé et de la stabilité du tissage du vivant. La biodiversité est une véritable toile de vie. Quand les espèces commencent à s’éteindre les unes après les autres, des trous se forment dans la toile. Et si les trous sont trop nombreux, si trop d’espèces disparaissent, alors l’ensemble se déchire, en silence. Car si la crise de la biodiversité est moins spectaculaire que la crise climatique jalonnée d’événements extrêmes (tempêtes, canicules, inondations, incendies), elle n’en est pas moins dramatique.

Au moment où les espèces des populations animales et végétales est en train de chuter, l’objectif premier est de créer des îlots de vitalité, où le vivant pourrait s’exprimer sans être pressuré. C’est pourtant au cœur de la zone la plus sauvage de la commune de Sarlande que la multinationale RP Global a le projet d’implanter un ensemble impressionnant de béton et d’acier, une usine éolienne ! Ce serait là une véritable catastrophe pour la commune et le pays de l’arbre et de l’eau !

Un devoir de préservation.

En forêt de la Bonne Foussie, dès 2011, notre association a créé deux de ces précieux îlots de préservation : le « Paradis des oiseaux » et l’arboretum scientifique de l’INRA, destiné à mesurer les effets des modifications climatiques sur les espèces forestières. Dans ces zones protégées, on voit déjà revenir des espèces « clés de voûte » comme l’engoulevent ou le gros bec.

Par ailleurs, une zone humide particulièrement précieuse, en bordure du ruisseau Le Laveau est directement menacée par le projet éolien !  Quelle stratégie adopter pour la défendre ?  Si l’on refuse l’artificialisation de cette zone au seul motif que l’on trouve jolies les prairies qui bordent le ruisseau, qu’on aime la nature, le paysage, on manque le cœur du problème.

En relation avec l’association « Vents contraires. Périgord Limousin 87 » et sa présidente Sandrine Tallet, à l’origine du projet, notre association se propose d’interroger ce qu’est la vie du sol de ces prairies humides, de rencontrer les nombreuses espèces animales et végétales qui le composent, leurs bienfaits, pour le tissu du vivant comme pour les humains. Ce qui implique, bien évidemment, d’arrêter, pendant qu’il est encore temps, le projet industriel d’implantation d’éoliennes dans la zone.